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Alep, où les pères et les mères pleurent ces enfants qui meurent avant eux, comme une insulte au déroulé du temps.

Alep, où on triche pour survivre en brandissant entre les ruines une tête de mannequin en plastique plantée sur une pique, pour mieux repérer le départ du feu d’un sniper.

Alep, où le monde explose autour de vous, dans le faux abri d’une maison qui se désagrège et vous couvre de débris de pierres, de plâtre et de cendres.

Alep, où deux amis sont allongés l’un à côté de l’autre, tous deux touchés par le même sniper. Celui qui parait le plus fort est pâle. Il va succomber l’instant d’après.

Alep, où le visage d’un homme grimaçant ne peut-être que le masque de la douleur. Un autre est couché sur un précieux carrelage ancien, ajoutant une trainée sanguinolente au damier rouge et blanc.

 

 

​​Alep, où un homme repart au combat, seul à travers les ruines, pour aller récupérer le cadavre d’un ami qu’il rapporte sur son épaule, roulé dans un tapis. Alep, où l’homme, touché par un éclat d’obus, qui se tord de douleur sous vos yeux, est le même qui vient de vous sauver la vie, une minute plus tôt, en vous poussant dans l’embrasure protectrice d’une porte au moment où l’obus s’écrasait dans la rue.

Alep

Estelle

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