
UNE ÎLE D’AMOUR
Tomber en amour est le sentiment
le plus difficile à expliquer.
Ça arrive comme par magie
sans comprendre ce qui est arrivé,
Un mélange des plus belles émotions
avec une forte intensité,
qui ne dure habituellement que quelque temps
avant de s'atténuer.
Mais ce sentiment je le vivais chaque jour
depuis quatre belles années.
Depuis que je partageais ma vie avec toi,
cette magie ne m'a pas quittée.
Tous les jours je retombais amoureuse
comme si c'était la première fois
et tous les jours tu me manquais
quand je n’étais pas près de toi.
J’ai souhaité faire un long voyage
seules toutes les deux en bateau,
voguer à l'aveuglette
jusqu'à ce qu'on se perde dans ces eaux.
Le vent aurait soufflé une vague sombre
sur cette mer déchainée,
et nous aurais portées vers une île
dont nous y aurions été naufragées.
Perdues quelque part dans l'océan,
sur une île déserte que toutes les deux.
Seules au monde à consumer notre amour
comme le font le bois et le feu
En parfaite symbiose comme l'est
l'hippocampe et sa douce moitié,
éternellement amoureux
comme si toujours nous étions destinées.
Sur cette île j'y aurais vécu en permanence,
seule à tes côtés j'y aurais été comblée.
Le temps n’aurait plus compté,
les tracas quotidiens, choses du passé.
On se serait laissées bercer sur cette vague de bonheur
en toute complicité
et j’aurais suà ce moment-là que rien ni personne
ne pourrait nous séparer.
ça aurait pu être notre île d'amour,
Nous y aurions vecu pour toujours.
Naufragées et heureuses
sans penser à la quitter un jour.
Être à tes côtés, t'aimer,
être ta complice, ta femme et ton amie.
Je n'avais besoin que de cela
pour être heureuse dans la vie.
Mais de ce projet fou tu as eu peur
Sans un mot tu m’as quittée
Et moi depuis, dans ma torpeur
Je t’attends en continuant de t’aimer......
J’ai oublié de me regarder grandir.
Je n’ai pas vu venir la chair, les arrondis adolescents, ni les larmes. J’ai manqué les sourires, les émois timides, le coeur qui vacille et les premiers succès. Les concours d’écritures d’autrefois, ceux qui primaient l’enfant, puis la jeune fille trop pleine d’idéaux à fracasser. La vie a bien fait les choses. Les icônes ont chu, les valeurs sont restées. Des discours trop polis j’ai quitté les rails pour le polisson, les textes lus en chuchotant, en cachette des yeux miniatures ou trop prudes.
Tu vois, je suis devenue une femme.
J’ai aimé, un peu, beaucoup, trop ou pas assez, des hommes un peu et des femmes un peu trop. J’en suis fière, d’eux, tous, chacun, de cet amour qui me laisse des étincelles tendres dans les yeux. J’ai aimé à en pleurer, j’ai aimé à enfanter sans y arriver, j’ai aimé à en crever mais j’ai aimé à en…jouir.
Oh l’indécence du verbe ! Vois-tu ? C’est ma seule liberté.
Parfois je me trompe, je comprends, je doute, j’ai envie de partir comme la dernière fois ; trois ans en mer… seule. Mais mes pieds ont pris racine, il n’y a plus que ma tête pour voyager, loin des cadenas de l’habitude.
Moi je te regarde encore, je te regarde vivre sans moi, encore un peu, je te regarde mourir, mourir hétéro.
Tu respires calmement, au bruit des machines, rêves-tu seulement ? Tu sais, il y a ces gens autour de moi, ces gens comme toi, la famille si peu, les amis trop rares, proches et si loin, ils ne connaissent pas mes mots et ne voient que mes images…pas toutes ! Ou alors, ils oublient. Ils vivent à côté de moi, je leur parle à ma façon, j’écris, je raconte l’ivresse, les appétits, mes urgences, tout ce dont j’ai besoin pour être, pour rêver encore, je donne ce que je vois, la vie, les écorchures, les émerveillements, je dis, je dis, je dis. Et ils n’entendent pas, et me reprochent mon silence.
Et toi entends-tu le bruit de mes pensées ?
C’est hurler de la vie, c’est jouir les yeux ouverts.
Eux, ils n’entendent pas, ils ne voient pas. Oh, je comprends que tu n’entends pas, toi non plus.
Sans doute ai-je attendu trop longtemps pour te dire, ou peut-être que ton monde était ailleurs, peut-être que mes mots ne te parlaient pas, peut-être que tu préférais les livres avec des images. Moi j’ai grandi avec des mots et des images. J’y ai pris vie, deux, trois, quatre fois, et parfois, je suis partie, sans faire de bruit. Mes images d’aujourd’hui sont pour toi qui ne les comprends pas.
Je n’avais jamais compris que nous ne parlions pas la même langue. L’évidence me terrasse ce soir, pendant que tu respires. Il est trop tard pour faire du bruit. Je crois que je continuerai à hurler en silence, pour le public d’après 23h.
A moins que ………, jamais sevrée d’images, je ne reprenne la mer pour une éternité d’oubli
Un jour…………….peut-être………….sûrement……….
Qui suis-je ?
Estelle
